Le radar à «morons».
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Vous connaissez le mot « moron » ?
Si vous fouillez sur internet, vous apprendrez qu’il s’agit d’une insulte québécoise qui signifie «abruti», «stupide». Dans l’usage courant, ce mot désigne aussi une personne toxique. Bien sûr, il s’agit d’un très gros jugement sur les autres et notre premier réflexe serait de se dire : oh, il ne faut surtout pas dire ça. Pourtant, quand nous rencontrons un «moron», il est extrêmement difficile de se retenir de juger. «Quel moron!», nous disons-nous.
Pourtant, le «moron» est une personne qui, par ses caractéristiques, NOUS fait réagir exagérément, en positif ou en négatif. Dans la réalité, le «moron» n’est pas «moron» pour tout le monde. C’est nous qu’elle fait réagir. Pas nécessairement les autres. Ce n’est donc pas un jugement sur l’autre mais un constat de son effet sur nous.
Si, dans une soirée, je fais une blague. Certains riront aux éclats, d’autres resteront neutres et quelques personnes se diront : «quel moron»! Je serai leur «moron». Car force est de reconnaître que nous sommes tous le «moron» de quelqu’un. Alors oui, il y a des «morons». En fait, nous le sommes tous plus ou moins pour certaines personnes. Pire! Nous avons tous en nous un «radar à morons».
En négatif, nous allons rencontrer certaines personnes dans nos vies que nous n’aimerons pas, qui ne nous aimerons pas, et ce sera systématique. Le «moron», où que nous allions, sera toujours là pour nous casser les pieds. En positif, nous nous attacherons à des personnes qui sont au premier abord absolument sympathiques pour réaliser ensuite que nous sommes encore tombés sur LE « moron».
Cette situation est embêtante parce que, quoi que nous fassions, peu importe les efforts que nous mettrons, nous repérerons LE «moron» où qu’il soit et nous collerons sur lui jusqu’à ce qu’il nous fasse très mal. Le seul moyen de dépasser ça, c’est de désactiver ce «radar à morons» en se ramenant à soi. De prendre conscience que nous ne sommes pas en présence d’une personne toxique en elle-même mais plutôt toxique pour nous.
Tant que nous serons dans le jugement de l’autre (c’est un moron), nous n’arriverons jamais à dépasser le stade repérage et allumage du «radar à morons». Si au contraire, nous cessons de juger l’autre (voilà un moron pour moi), nous pourrons comprendre ce que nous avons à apprendre de ce type de personnes. Nous les identifierons toujours mais nous n’allumerons plus à leur contact. Nous passerons notre chemin car cela ne correspondra plus à nos besoins.
J’ai connu une femme qui se laissait séduire par des garçons narcissiques. Ils étaient ses morons. Elle avait un terrible besoin d’attention et les narcissiques accordent beaucoup d’attention au début aux gens qu’ils veulent utiliser. Elle tombait dans le piège à chaque fois et se demandait bien pourquoi elle tombait toujours sur des «morons». Après avoir clairement identifié le besoin de reconnaissance qu’elle avait, elle a commencé à se reconnaître elle-même et à se donner l’importance dont elle avait besoin. Aujourd’hui, elle peut vivre en couple avec quelqu’un de très prévenant qui la traite en véritable princesse. Mais il n’est pas narcissique. Elle s’est libéré de ses «morons».
Nous sommes tous le moron de quelqu’un. C’est ainsi fait parce que nous avons à nous libérer de certaines choses et le fait d’avoir un «moron» dans notre vie nous permet de les identifier. Bénissons notre «radar à morons» et trouvons en quoi ces gens nous apportent quelque chose à comprendre de notre propre vie. Nous en ressortirons tellement gagnant.
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Coach personnel, psychologue et psychothérapeute, Jean Rochette se passionne pour nos deux chemins de vie : pour soi (nos enjeux) et pour les autres (la mission). Il est l'auteur de "Faites exploser vos couleurs" aux Éditions du Dauphin Blanc et entretient un blogue sur www.jeanrochette.com
Diplômé de niveau maîtrise (Master) en Sciences de la religion (Université de Sherbrooke : M.A.) et en Psychologie (Université Laval M.Ps.), il a enseigné pendant 32 ans dans un collège du Québec.

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