On parle beaucoup de faire les choses en conscience depuis quelques années et voilà bien un mot qui est sur toutes les lèvres…faire ceci ou cela en conscience… Mais est-il possible de franchir l’étape de la mort avec cet état d’esprit ?…

On pourrait croire que non, puisque la mort est encore tellement un sujet tabou, même en ces années où beaucoup plus de sujets sont abordés avec plus de liberté. La mort par contre reste difficile à intégrer dans notre réalité, mais elle suscite toujours autant de questionnements et de mystères.

Pour avoir accompagné de nombreuses personnes sur ce chemin de fin de parcours, j’ai toutefois eu cet énorme privilège, de croiser sur ma route, des gens qui se savaient mourants et qui acceptaient d’en parler avec une grande ouverture, de préparer leur départ et même d’en ressentir une certaine paix intérieure.

Côtoyer de telles personnes est un cadeau sans prix. Je ne dis pas ici qu’ils ne font aucun deuil, qu’ils ne pleurent jamais ou qu’ils ne vivent pas parfois quelques moments de tristesse…mais de façon générale, ils choisissent de faire de ces dernières semaines ou de ses derniers mois quelque chose de significatifs, puisque de toute façon, les choses ne pourront pas être différentes, ils mourront de toute façon.

Ils se donnent des objectifs de terminer ce qui peut encore l’être, de préparer leurs funérailles pour dégager leurs proches qui risquent d’être trop émotifs ou dépassés après leur décès, de faire la paix avec des situations ou des gens, de donner de leurs vivants certains objets qui ont une valeur sentimental pour eux, d’avoir des échanges vrais avec leurs proches.

On ne choisit peut-être pas le moment de notre mort ou la manière, mais oui, je constate qu’il est possible de choisir de vivre les choses différemment, avec beaucoup plus de sens. Ces gens sont habituellement relativement sereins, calmes, confiants…même sans savoir exactement ce qui les attend.

Ils savent que de la médication est disponible pour gérer les symptômes qui pourraient perturber leurs derniers instants et ils choisissent de s’entourer des gens qui leur sont chers, de musiques significatives, d’objets qui leur apportent la paix…ils font leur bilan, regardent leur vie à vol d’oiseau, en font leur propre constat… et je les vois partir en douceur, parce qu’ils ont accepté que là se termine leur voyage.

Ce temps arrivera pour chacun d’entre nous…
De quelles façons choisirez-vous de vivre cette expérience le moment
venu ?…On peut déjà se poser la question et en faire une réflexion….

Hélène Giroux
Accompagnatrice en fin de vie et officiante funéraire