« LES VOIES DE L’EAU » par Anne Paris, Leina Sato, Marie-Hélène Sulmoni.
Trois femmes, trois récits, trois liens sacrés à l’eau. Une invitation à découvrir trois chemins et à trouver le vôtre.
« Faire se rencontrer, à nous trois, des eaux de notre planète est devenu l’un de nos rituels. Nous savons que nous ne sommes pas les seules, beaucoup d’autres ont adopté cette pratique, de manière ancestrale, tribale ou spontanée et vous qui lisez ces lignes faites peut-être déjà partie de cette tribu de par le monde. Si ce n’est pas encore le cas, sachez que vous êtes précieux: laissez-vous inspirer par vos chemins de l’eau pour que tous nos petits ruisseaux se rencontrent et forment de grandes rivières. »
Pour les autrices, l’eau est vivante. Douée d’une mémoire, elle communique avec les êtres qui l’entourent et nous adresse un appel puissant que nous sommes de plus en plus nombreux à ressentir. Ces trois praticiennes et « tisseuses d’eau » partagent ici leur expérience et leurs rituels pour nous faire (re)découvrir cette irremplaçable alliée dans l’intime et l’universel.
LES AUTRICES
Anne Paris est réalisatrice, scénariste et enseigne le yoga diamant. Leina Sato est une apnéiste et activiste franco-japonaise. Marie-Hélène Sulmoni est cheffe décoratrice pour le cinéma et enseigne le yoga diamant. Elles co-animent toutes les trois des ateliers de rencontres avec les dauphins libres.
Préface de Patrice Van Eersel
EXTRAIT :
EAU AMOUREUSE
Dauphins «amoureux», joueurs naturels des profondeurs, merci. C’est votre énergie qui me guide, me pousse en avant et m’apporte un point de référence, que je perçois comme la fréquence de ma conscience originelle. Aujourd’hui, j’ai ressenti un soutien immense de votre part. Dans l’océan, grâce à vous, je me réconcilie avec mon corps et j’apprends à recevoir, à travers lui, la caresse de la vie. Cette vitalité et cette joie, je les retrouve maintenant dans l’énergie d’amour qui s’exprime à travers la sexualité. J’y puise petit à petit des solutions pour dénouer mes rapports ambigus avec celle-ci sur Terre.
Ce matin, je me suis glissée dans l’eau sans hâte, sachant d’ores et déjà que la matinée serait merveilleuse. Nous sommes en plein mois d’août, il est encore tôt, l’eau semble de velours sur fond de sable blanc. Je savoure ces premières minutes avec tout mon être et mon premier rituel est de saluer la mer. C’est toujours un instant de paix profonde, une ouverture du corps où je deviens présente aux fréquences qui me traversent.
La mer alentour est frissonnante de vibrations subtiles, de craquements, de sifflements qui s’entremêlent et dont mon corps s’imprègne avec délice. Je les sens proches… Sur quelles ondes vont-ils surfer aujourd’hui ? Sous la douceur et le calme apparents perce une joyeuse intensité, une imminence de joie que je sens monter dans mes cellules. Il n’y a aucun doute, l’heure est au jeu.
Bientôt des silhouettes fuselées apparaissent; ils sont quatre : un mâle que je connais bien, un autre dauphin plus jeune, une mère avec son petit. Nous commençons par un « salut » énergétique ; arrivé dans mon champ de vision, le mâle pointe brièvement son melon vers moi. Le clic clic familier du sonar carillonne joyeusement dans ma boîte crânienne : « Viens, semble-t-il dire, viens célébrer avec nous la vie qui nous porte ! »
En réponse à son salut, le mien se traduit par une sensation physique d’ouverture, de chaleur au niveau de ma poitrine, un signal biophysique et vibratoire qui part naturellement de moi vers lui, et vers les autres aussi. Depuis le temps, ma sensibilité s’est affinée, et il m’est facile de sentir si le courant passe ou ne passe pas, si je suis, ou non, alignée sur leur fréquence. Aujourd’hui, la connexion est spontanée, immédiate.
Nous nageons côte à côte, presque à nous toucher, tandis que la sensation d’unité m’envahit, une sensation de dissolution dans l’autre, de fusion au niveau énergétique. J’ai conscience du courant de vie qui circule entre nous, et plus je m’y abandonne de l’intérieur, plus une vibration familière anime mes cellules. Cette énergie existe bien au-delà de nos corps; elle appartient au Tout.
Je palme doucement. Naturellement, la dauphine et le grand mâle se mettent à faire l’amour. Qu’ils sont beaux ! Ils échangent avec une qualité quasi aérienne qui m’époustoufle. Je ne peux m’empêcher de penser: « C’est comme cela qu’on devrait s’aimer… » La fréquence émanant de leurs jeux amoureux est d’un registre très différent de la sexualité «terrienne» telle que je la connais. C’est sensuel, fluide, magique, tout en finesse et en pureté. Cette fréquence semble ondoyer entre leurs corps et, chose étrange, s’étend au reste du groupe, le jeune mâle, le petit et moi, pour nous englober dans une même résonance. LEINA SATO