Juger les autres, c’est bien souvent porter un jugement sur soi-même.
En ce début d’année 2018, j’aimerais prendre cette résolution, essayer de ne pas juger. Je dis bien essayer car, personne n’est infaillible et se donner le droit de trébucher et se relever est une marque d’amour envers soi-même.
Critiquer autrui, c’est souvent lui attribuer des défauts ou des qualités que nous n’osons pas reconnaître chez nous-même. Et devinez quoi? Jugez est quelque chose de normal! On le fait tous à un certain degré. On se compare et on s’identifie à l’autre. On cherche ce qui nous différencie ou qui nous ressemble chez l’autre que ce soit bon ou mauvais. Tout les humains le font et personne ne peut affirmer ne jamais avoir juger quiconque. C’est un trait humain et ce n’est pas malsain. Ce qui est problématique c’est l’action de dégrader, d’attaquer, de vouloir porter atteinte à l’autre via les jugements. Dès lors que ma différence avec l’autre ou ma ressemblance à lui me gêne, me trouble, me dérange, bref met à mal mon identité, je me défends. Et la meilleure défense, pour certains, reste l’attaque ! Ce mécanisme est souvent décrit par les psychanalystes comme étant notre « part d’ombre ».
Nous avons tous une « part d’ombre ». Il s’agit de tout ce que nous avons du mal à reconnaître en nous autant du côté positif que négatif: notre lâcheté, notre violence, nos blessures, nos faiblesses, notre angoisse… notre perfectionnisme, notre générosité, notre assiduité, notre coquetterie…. tous ces facteurs positifs que, pour des motifs à analyser, nous refusons de considérer comme nôtres. C’est notre part d’ombre qui nous fait attribuer à l’autre des qualités ou des défauts que bien souvent nous ne nous avouons pas, via un mécanisme de projection bien rodé de l’égo. Qui veut s’avouer être moins performant que son partenaire de travail? Qui va assumer ne pas être aussi généreux que son frère ou son voisin lors de la guignolée? Qui peut se dire être au dessus des débordements d’un ami causés par un excès d’alcool un soir de fête? Il est bien plus facile de juger. Voire de condamner, quand le pouvoir nous en est donné.
Ce que les gens ne comprennent pas c’est que lorsqu’on juge les autres, on porte un jugement sur soi-même. Souvenez-vous des paroles de Jésus dans les évangiles de saint Luc : « Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère et n’aperçois-tu pas la poutre qui est dans le tien? » Cette parabole a bel et bien une fonction de remise en question. Voir la paille dans l’œil du voisin nous permet d’éviter de considérer notre propre poutre, de nier notre part d’ombre et de remettre à plus tard un éventuel retour sur soi, de voir ses propres « bibites ». C’est bien trop douloureux de se remettre en question!
Lorsque les autres font les choses différemment de nous, on a tendance à se comparer. Est-ce que ma façon de faire est meilleur? Est-ce que je suis dans l’erreur par ma façon de faire comparativement à untel ou untel? On a besoin de se rassurer en portant un jugement sur tout ceux qui font différemment de nous et c’est une réaction dite : normale et existentielle. Par contre, si les autres font comme nous…Ha là! c’est sécurisant! Même si ça n’a pas d’allure comme geste posé. « Je met du Vicks dans le nez de mes enfants pour soulager leur congestion nasale, comme toute mes sœurs d’ailleurs! » Vous comprenez l’idée?
En quelque part, nous avons tous besoin de prouver que nous existons. Mais certains, par manque de confiance en eux, d’autonomie, de force de caractère ou de conscience de soi vont trouver comme moyen, pour exister, d’être en lutte contre cet autre à qui ils veulent ou pas ressembler. C’est un combat sans fin pour prouver une identité qu’ils ont du mal à trouver au fond d’eux-mêmes.
Il faut accepter le fait que le jugement existe. Il fait parti de nous. De notre enfance à notre dernier souffle il sera présent dans notre vie. Par contre, en apprenant à s’aimer, à s’écouter, à comprendre ses forces et ses faiblesses, à accepter ses limites et à avoir de la gratitude envers la vie et les autres, on peut modifier notre perception première que l’on pose sur les autres. Tout est relié. L’amour qu’on porte à soi-même est l’affluent de celui qu’on porte aux autres! (C’est de moi!). Pour cette nouvelle année, je commencerai donc par essayer de m’aimer un peu plus afin de juger les autres un peu moins.
Bonne Année 2018
Patrick Bergeron