Le jugement…
Pourquoi sommes-nous si prompt à porter des jugements sur les autres et d’un autre côté, sommes-nous si offusqués d’être la cible de jugements de par nos pairs? Tout revient vers l’estime de soi, notre éducation, nos expériences de vie, notre égo.
Par exemple, si mes parents étaient excessivement sévères au sujet de mon comportement en public lorsque j’étais enfant, il est très possible qu’aujourd’hui je porte des jugements négatifs sur la manière dont les enfants de mon entourage se comportent et sur la façon dont leurs parents les élèvent. Est-ce que j’ai raison? Est-ce que j’ai tort? Là n’est pas la question. Ce qui nous préoccupe c’est pourquoi je pose ce ‘jugement’.
Nous avons besoin de repères, de comparatifs, d’options pour fonctionner… notre cerveau est ainsi fait. Les humains sont des créatures qui ont besoin d’organisation, même le plus ‘broche-à-foin’ d’entre nous a besoin d’un minimum de structure! Donc, en nous faisant une idée rapidement d’une situation ou d’une personne, on vient ‘régler’ en quelque sorte une problématique qui s’est présentée à nous pour laquelle nous n’avions pas de réponse. On classe, compartimente, étiquette les situations et les gens pour faire place à d’autre informations. Le problème, c’est que dans notre besoin de ‘régler’ toutes problématiques, on pose des jugements non pas basés sur le rationnel ou l’analyse mais plutôt sur l’émotif et l’égo.
Qui suis-je pour juger? Cette phrase, répétée depuis des siècles par les philosophes de l’antiquité jusqu’à tout récemment par le pape François I, nous renvoi à la case de départ, juste avant que l’on se fasse une idée définitive, au moment précédent notre ‘jugement’ bon ou mauvais sur quelque chose ou quelqu’un. Nous savons tous au fond de nous-même que porter des jugements n’est pas très ‘zen’. Combattre ce comportement semble parfois contre nature tellement nous y sommes habitué. On en vient presque à croire qu’il s’agit de notre ‘vraie’ nature! Et pourtant, il n’en est rien.
Nous ne sommes pas ce que nous montrons aux yeux du monde. Ce corps qui est le véhicule de mon être n’est pas mon être, mon moi. Comme une voiture de luxe, il vient équipé d’un système immunitaire qui s’occupe de le garder en bonne marche, d’un système nerveux qui s’occupe des réflexes de défenses et de survie, et d’un cerveau qui d’un côté gère cette belle mécanique et stock dans une banque de mémoires un nombre infini de données. Mais au-dessus de tout ça, il y a la conscience, l’essence, l’âme de chacun.
Pourquoi on en arrive à parler de conscience, d’essence et d’âme quand le sujet de cet article est le jugement que l’on porte sur les gens ou sur les situations? Parce qu’il faut réaliser que ce comportement n’est pas une partie de nous-même, n’est pas inné à notre être. Porter des jugements est une habitude, une construction du mental, de l’égo. Que ce soit pour se rassurer, s’élever devant les autres, se débarrasser au plus vite ou seconder une autre personne du même avis. Les jugements que l’on porte n’ont rien à avoir avec la spiritualité ou la sagesse de l’âme.
Peut-on arrêter de juger? Poser cette question revient pratiquement à demander à quelqu’un d’arrêter de tousser ou de cligner des yeux. C’est pratiquement impossible de ne pas le faire. Celui ou celle qui affirme le contraire se raconte des histoires à lui-même et aux autres. Par contre, il est possible de changer ses perceptions, sa façon d’analyser les situations et rendre un jugement plus éclairé! Voici quelques pistes…
Soyez dans le moment présent.
Arrêtez de vous faire des scénarios catastrophes, laissez cela aux productions Hollywoodiennes. Est-ce que la situation présente, au moment présent est vraiment la réalité? Est-ce que cette réalité mérite toute l’énergie que vous êtes prêt à y investir mentalement et émotionnellement? Si vous devez vous battre pour vous convaincre de quelque chose, c’est que ce quelque chose ne mérite pas le combat. Acceptez ce qui est, tout en évitant de tomber dans le rôle de la victime. La vie n’est pas une machine à complots qui cherche à vous nuire ou vous détruire. Votre route ne sera jamais une ligne droite…jamais. Il y aura des obstacles, des détours, des fourches où vous devrez prendre soit à gauche ou à droite mais ce sera toujours votre choix.
Ayez de l’empathie.
‘Lorsque tu auras marché cent kilomètres dans les souliers de ton voisin, tu auras une idée plus juste de ce qu’a été sa route’. Cette citation est le parfait exemple de ce que devrait être un jugement éclairé. L’empathie est ce qui peut nous ramener le plus près de notre vraie nature, de la bonté et de la sagesse infinie que nous possédons en chacun de nous. Combien de fois avons-nous détourné le regard sur un mendiant et regretté quelques minutes plus tard ne pas lui avoir donner un dollar? Refusé de donner notre place dans l’autobus à un vieillard debout à côté de nous et se sentir mal de voir quelqu’un d’autre le faire spontanément. Il faut écouter cette ‘petite voix’ car elle est une connexion directe à notre âme.
Dédramatisez les situations.
Est-ce que la fin du monde arrive? Vous a-t-on diagnostiqué une maladie incurable qui vous laissera quelques semaines à vivre tout au plus? Avez-vous tout perdu dans le dernier crash boursier? Si rien de tel vous est arrivé, est-ce qu’on peut s’entendre pour dire que la vie n’est pas l’enfer que vous prétendez vivre? Lorsque des situations ennuyeuses se présentent, que l’on a l’impression qu’un tel ou une telle parle dans notre dos, est-ce que notre premier réflexe ne devrait-il pas être le suivant : Prendre du recul, respirez un bon coup et se répéter cette phrase : ‘Il y a des choses bien plus grave que celle-là dans la vie.’ Il faut apprendre à se calmer, à voir la situation de l’extérieur, à se détacher du problème et ensuite, rationnellement prendre la meilleure décision possible. Ce n’est pas facile, j’en conviens…mais qui a dit que la vie le serait?
La vie est un travail sur nous-même. Nous aspirons tous à devenir meilleur, jamais l’inverse. Si on peut arriver à modifier la façon dont nous posons les yeux sur les autres, nous pourrons au moins avoir la satisfaction d’avoir gagné en sagesse. Les jugements que l’on porte sur les autres ou sur les situations problématiques qui se présentent dans nos vies sont des tests, de petites épreuves pour nous inciter à changer, à évoluer et à se rapprocher de ce qui devrait être l’ultime accomplissement de chaque être humain, être éveillé et vivre dans le moment présent.