« De la tête au coeur, le plus formidable des voyages en soi » Suzie Villeneuve, auteure et chanteuse
Suzie Villeneuve, figure populaire dans le monde du show business québécois, se retrouve très tôt dans une situation que plusieurs artistes et gens du public lui envient. Magnifique chanteuse à la voix remarquable et riche en nuances, Suzie entame une carrière artistique très prometteuse après son passage à l’émission télévisée Star Académie en 2003. Rapidement, le public l’adopte et le domaine artistique lui ouvre ses portes. Cependant, au fil des années, un inconfort s’installe et grandit en elle, sans qu’elle puisse l’expliquer ou le comprendre. Elle se sent de plus en plus prisonnière de ce malaise intérieur qui lui fait même renoncer au chant Le chaos semble installé dans sa vie.
En 2016, alors qu’elle ressent un vide existentiel, Suzie répond à l’invitation d’une amie et participe à un atelier qui deviendra un mentorat d’une durée de 9 mois. Elle est alors confrontée au malaise qui l’habite et qui lui fait ressentir tant d’inconfort. Elle accepte de plonger en elle et d’entreprendre le plus formidable voyage qu’un être humain puisse faire: celui de la tête au cœur. Suzie découvre alors des clés importantes qui lui permettent d’accueillir avec plus d’harmonie la vie et ses beautés, mais surtout elle fait des découvertes sur elle-même et parvient à identifier et à libérer les patterns qui influençaient grandement ses choix et donc sa vie jusque-là.
Après cette période de découvertes et d’intégration, Suzie connecte de nouveau à ce qui fait réellement vibrer son cœur, c’est-à-dire la musique. Le goût de chanter lui revient, l’amour entre de façon inattendue dans sa vie et la maternité lui sourit Elle est enfin sereine, épanouie et parfaitement alignée sur son cœur. Et c’est ce à quoi elle nous convie à notre tour en nous partageant son histoire.
Après avoir participé à la revue musicale Québec Issime, en 2000, Suzie Villeneuve est révélée au public grâce à sa participation à l’émission Star Académie, en 2003. Sa carrière dans le domaine artistique est ainsi lancée. Les années qui suivent confirment sa place dans le show business québécois alors que les spectacles, les enregistrements et les collaborations se succèdent. Quelques années plus tard, un malaise intérieur la mène à se retirer et à entreprendre une profonde introspection. En 2017, elle recommence tout doucement à chanter et elle écrit sa première chanson. En 2020, elle participe à l’émission La Voix et atteint la finale. Originaire du Saguenay, elle vit maintenant dans Les Laurentides.
Extrait du livre :
« Lorsqu’on m’a appris que tous les comportements que j’avais m’avaient amenée à me positionner comme étant une victime des éléments extérieurs, des événements et de mon environnement, j’ai d’abord mal réagi. Comme on dit dans le langage populaire québécois, je n’ai pas trouvé ça drôle du tout. En fait, mon ego n’a pas trouvé ça drôle du tout. Pour moi, être victime de quelqu’un ou de quelque chose signifiait «faire pitié», et donc être vulnérable. Et comme je mettais beaucoup d’efforts et faisais tout pour éviter d’être vulnérable, je refusais de croire qu’au final, c’est de cette façon que je me positionnais, bien malgré moi !
Au moment où j’ai reconnu que je me sentais prisonnière, l’aspect de victime a alors eu un peu plus de sens pour moi. Toutefois, je me disais encore que la vie était ainsi, que c’était pourquoi j’abdiquais souvent et que je fuyais. Je ravalais ainsi beaucoup de colère liée au sentiment d’injustice. Et comme j’avais du mal à identifier mes propres sentiments, au milieu de toute cette confusion, j’avais évidemment du mal à exprimer avec clarté comment je me sentais. J’avais été habituée à ne pas parler afin d’éviter de créer des conflits. J’avais la croyance que ceux qui parlaient de ce qu’ils vivaient se plaignaient. Je jugeais ceux qui s’exprimaient, tandis que moi je n’en étais pas capable. Disons que tout cela était plutôt complexe… en moi, du moins !
À travers ces expériences, j’ai réalisé que je me sentais bien souvent impuissante, démunie et sans mots. Je manquais de clarté. Je fuyais généralement les conversations cœur à cœur, particulièrement avec ma famille. Je levais le ton assez vite. Il m’arrivait même parfois de me fâcher dans le but de conclure la discussion et de couper court à tout échange. De l’extérieur, je me fermais totalement, mais de l’intérieur, j’étais envahie par la culpabilité, la honte, la peine et la colère de ne pas être en mesure de m’exprimer comme il le fallait.
Lorsque je prenais du recul, je réalisais que je m’étais mal exprimée, mais aussi que c’était tout ce que j’avais été en mesure de faire à ce moment. En vérité, j’aurais aimé être en mesure de réellement partager et connecter avec l’autre, mais je n’y arrivais pas, ou que très rarement. En fait, j’avais l’impression d’y parvenir de moins en moins avec le temps. Puis, le sentiment de ne pas être à la hauteur revenait encore me narguer.
J’en voulais à l’autre d’avoir su s’exprimer et – oui, je dois l’avouer – je me sentais victime dans la situation ! C’était finalement un cercle vicieux. Devant l’observation de mes réactions, je devais admettre que je comprenais de plus en plus clairement le concept de la position de victime… et ma responsabilité dans la création de cette position.
J’ai aussi pris conscience que le fait de laisser les autres choisir à ma place ne me permettait pas de prendre mes responsabilités quant aux choix importants que je faisais. Je me retrouvais donc, encore une fois, en «mode victime». Et, au final, si ces choix s’avéraient ne pas être bons, je pouvais blâmer les autres !
Cette prise de conscience a eu l’effet d’un véritable coup de poing sur moi. Ma vie entière, de 0 à 33 ans, s’est dévoilée à moi sous un autre angle. L’une des clés que ces patterns a mis en lumière d’un seul coup a été l’importance d’aller jusqu’à la source de ceux-ci et de ressentir le véritable inconfort qui s’y cachait. Derrière cet inconfort, il y avait du jugement envers moi-même ainsi que la honte de m’être cachée derrière les choix des autres pendant tout ce temps.
J’ai alors laissé remonter en moi les images et les souvenirs du passé. Je me voyais maintenant clairement en position de victime. Je comprenais, petit à petit, que cette autre moitié qui me manquait était là, dans tous ces choix que je ne faisais pas à partir de ce que je ressentais vraiment dans mon cœur. Pour être en mesure de laisser les souvenirs circuler à l’intérieur de moi avec fluidité, je devais me donner le droit de ressentir tout l’inconfort lié à ces images.
Pendant un instant, une sensation de regret a aussi surgi (un résidu de victime, bien sûr). Si seulement j’avais été plus solide dans telle ou telle situation, que serais-je devenue aujourd’hui? Quels projets aurais-je réussi à réaliser? Est-ce que ma carrière dans la musique aurait connu le succès dont j’avais tant rêvé?
Je me souviens que j’avais eu, à ce moment, la sensation d’avoir perdu beaucoup de temps. Aujourd’hui, je sais très bien que c’est justement grâce à ce cheminement que j’avais la chance désormais de voir clairement la situation et d’en changer la suite. Il avait fallu que je me rende jusqu’à ces prises de conscience pour le comprendre.
Cette autre moitié de moi, il était grand temps que je la laisse grandir et se solidifier, puisque c’est de cette façon que je comblerais le vide des dernières années. Quelles belles prises de conscience venais-je de faire en un si court laps de temps ! Il était évident que, déjà, je ne serais plus la même. Mon regard sur la vie venait de changer drastiquement. »